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30/06/2012

Comment convaincre la commission...

Tous les ans, à la même époque reviennent les commissions d'appel.

Alors me direz-vous, "c'est quoi une commission d'appel ?"

Et bien c'est très simple.

- Première hypothèse : le conseil de classe du 3ème trimestre décide que votre cher enfant adoré passera dans la classe supérieure et s'il est en 3ème, ce même conseil acceptera l'orientation que vous demandez (seconde générale et technologique, bac pro...).

Ici tout va bien !

- Deuxième hypothèse : ce même conseil de classe décide que votre chérubin n'a pas acquis les compétences nécessaire pour passer dans la classe supérieure ou pour avoir l'orientation voulue.

Ici, rien ne va plus !

Que faire chers parents ?

Tout d'abord, répondre sur la fichue, bordelique fiche de dialogue qui a servi toute l'année à dire, persister et signer que vous vouliez que l'amour de votre vie aille en seconde générale, que vous n'êtes pas d'accord avec la décision du conseil.

A partir de ce moment va s'enclencher une véritable course :

- vous allez tout d'abord prendre rendez-vous avec le chef d'établissement;

- vous allez tenter de le convaincre que la décision du conseil de classe (autrement dit tous les professeurs de la prunelle de vos yeux) n'est pas la bonne et que vous seul savez ce qui est bon pour votre mini-vous.

- si vous avez été suffisamment convainquant (inutile de chercher à soudoyer cet homme, c'est un fonctionnaire intègre) et s'il n'a pas peur de voir toute la salle des profs lui pourrir la fin d'année, il pourra se ranger à votre avis et changer la décision du conseil. 

Ici, vous êtes plutôt du genre veinard, moi à votre place, en sortant du bahut, je filerais acheter une série complète de jeux à gratter.

- si, malheureusement, vous n'avez pas su le convaincre ou si le chef d'établissement est en délicatesse avec la salle des profs, il se montrera intransigeant et vous devrez alors choisir entre :

1 - baisser les armes, accepter la décision. Vous aurez tout le chemin du retour pour faire vôtres les arguments  que le chef d'établissement vous a assénés et qu'il va falloir faire avaler à votre progéniture effondrée.

2- continuer le combat, aller jusqu'au bout des rêves de votre descendance et aller défendre votre point de vue devant la commission d'appel.

Et c'est ici qu'on rigole !

Alors, je vais vous raconter comment cela se passe.

En règle générale, mais il peut y avoir quelques adaptations selon les académies, un beau matin de la fin du mois de juin, dans un établissement X, se réunit, de bonne heure et de bonne humeur, la commission d'appel.

Mais qui y a t'il dans cette commission d'appel ?

Alors on y trouve pêle-mêle, un ou deux chefs d'établissement, un ou deux adjoints, des enseignants, des représentants de parents d'élèves, un médecin scolaire (rarement, faut dire que le médecin scolaire est une denrée rare...), un CPE (vous savez celui qui vous appelle quand votre enfant si sage a séché les cours ou fait une connerie bêtise) et enfin - last but not least - l'assistante sociale !!! 

Pourquoi de bonne heure ?

Et bien parce qu'il va y avoir beaucoup de dossiers à étudier et que si on ne veut pas partir à 21h, il vaut mieux commencer à 8h. Quoique, parfois,les deux soient compatibles.

Pourquoi de bonne humeur  ?

Parce qu'on va passer une journée entière assis sur un siège  inconfortable, dans une salle de classe surchauffée, sans mettre le nez dehors alors qu'il fait un temps magnifique et qu'on va voir défiler des parents et des jeunes qui n'ont rien fichu de l'année mais qui "promis, juré, craché" vont réviser pendant les deux mois de vacances pour reprendre tout le programme dont ils se sont fichus pendant 9 mois.

Bon, tout le monde est en place, les parents et leurs rejetons attendent assis sagement dans le couloirs, le rideau s'ouvre, le spectacle peut commencer !

Comme chaque année, vous allez entendre :

"c'est pas sa faute, il a été perturbé par le décès de son grand-père*, sa grand-mère*, son tonton Robert* qu'il adorait".

* rayer la ou les mentions inutiles.

"je vais lui payer un professeur particulier de français, maths, anglais..." à adapter selon les lacunes du rejeton.

"vous devez me laisser passer, sinon vous fichez ma vie en l'air" - c'est ça, et si tu avais bosser, moi je ne serai pas en train de f... mon mercredi en l'air.

"je veux aller en seconde générale pasque l'année dernière j'avais pas le niveau alors j'ai redoublé" et oui mon loulou, mais cette année, tu n'as toujours pas le niveau.

"l'année prochaine, c'est  sur, je vais me donner à 200 %" Ouhlà, et 100 % cette année, c'était pas possible ?

Et après avoir entendu le professeur principal, le jeune, ses parents, il faut délibérer et décider : on accepte, on refuse ?

Certaines situations sont vites vues (surtout lorsque la famille et le jeune ne prennent pas la peine de se déplacer).

D'autres donnent lieu à de longues discussions.

Pour certaines situations, il faut aller au-delà des notes et c'est tout l'intérêt de ces commissions. Certains élèves savent expliquer, argumenter, convaincre. Parler de leur projet avec passion. 

Au final, avons-nous eu raison ou tort de prendre telle ou telle décision ?

Nous ne le savons jamais, nous ne connaissons pas ces élèves, nous ne les reverrons pas.

Tiens il est déjà 19h30. 

Tous les dossiers ont été étudiés, nous avons fait au mieux.

Demain, en apprenant la décision, certains (un grand nombre) seront heureux, quand d'autres crieront bien haut à l'injustice.

Bon, allez on range nos petites affaires et rendez-vous en juin 2013 pour une prochaine commission.


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